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 i'm the fury in your head (faye)

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5 participants
AuteurMessage
Faye Delaney

Faye Delaney


Messages : 69
Inscrit(e) le : 25/03/2017
Age : 28 yo.
Status : in a relationship (sort of).

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MessageSujet: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 15:40

Delaney, Faye
"how do you go back to being strangers with someone who has seen your soul ?"


© crédit obligatoire.

would you call my name
NOM › delaney, le nom honni. celui du père.PRÉNOM(S) › faye. ÂGE › 28 lunes depuis une poignées de semaines. DATE ET LIEU DE NAISSANCE › le queens, new york, un quartier sordide pour une maison sordide et une famille qui l'était tout autant. un vulgaire douze mars glacial. NATIONALITÉ & ORIGINES › americano-américaine. MÉTIER/ÉTUDES ($) › ancienne reporter de guerre souffrant de PTSD, elle s'est reconvertie dans l’organisation et la photo de mariage. elle qui espérait changer le monde, le rendre plus beau, en suturer les plaies jusqu'à l'entêtement a décidé de se raccrocher à ce qui est déjà magnifique, dans une vaine tentative de revivre, de coloniser un bonheur qui n'est pas le sien. STATUT CIVIL › emprisonnée dans une relation morte en syrie à laquelle elle se raccroche malgré tout. comme lui. STATUT FAMILIAL › un père-bourreau décédé, une mère faible et complice envolée, un frère en prison qui est toute sa vie et plus encore. TRAITS DE CARACTÈRE › indépendante dans sa vie, dépendante de ceux qui la peuplent, insaisissable, intelligente, fascinante, énigmatique, féline, douce, émotive, peu loquace, généreuse, réservée, passionnée, parfois cynique, blessée, sensible, méfiante, secrète, perdue, complexe, altruiste, influençable, avenante, fragile, attachante, tendre, conciliante, compréhensive, brisée, attentionnée, éthérée, réfléchie, observatrice, idéaliste ternie, romantique, rêveuse, sincère, fidèle, désintéressée, à fleur de peau, écorchée, souriante souvent, parfois taciturne, résignée. (...) GROUPE › stone cold.

see you for who you really are
(01). 2 janvier 1996. Je crois que papa m'aime pas. C'est ainsi que commence le premier journal intime de Faye, alors âgée de sept ans et c'est le mot qui revient le plus souvent, griffonné par milliers au sein de dizaines de carnets abîmés. En l'espace des onze ans de son histoire couchée sur du papier, le mot papa est omniprésent. Souvent écrit à la va-vite, parfois jeté rageusement jusqu'à crever le papier, il est partout, plaie ouverte, hématome douloureux, éternelle fracture. Faye n'a jamais su composer avec cet homme, comme tout le reste de sa famille mais contrairement aux autres, elle n'a jamais cessé d'essayer. A tort, diront-ils et ils ont raison. Elle s'est acharnée, pour rien, un brin d'affection, un peu d'amour, un regard moins sévère que les autres, un geste qui ne soit pas un coup. Quelque chose de vrai, un peu de normalité dans une existence secouée par la maladie. Une maladie sournoise, insidieuse et inconnue sur laquelle personne n'a jamais su (pu?) mettre de mots. Invisible, impalpable, elle a pourtant toujours été là, puisque Papa n'a jamais consulté. Papa c'est ce fantôme en pyjama qui hantait les murs, de l'après-midi jusqu'à tard dans la nuit. Un homme faussement fragile, supposément toujours fatigué, trop pour se lever le matin, trop aussi pour participer aux tâches ménagères juste bonnes pour les femelles mais pas assez pour rester tranquille ou se montrer clément, lorsqu'il se sentait irrité, agacé, dépassé. Et dépassé, il l'était toujours. Faye se rappelle qu'il suffisait d'un rien pour le mettre dans une colère noire, qui déployait ses ailes pour mieux se refermer sur elle jusqu'à l'étouffer telle une cage trop étroite. Au début de l'année scolaire, par exemple, chaque année. On lui demandait le métier de son père et elle répétait naïvement la question honnie dont la réponse déclenchait une pluie acide de mots couteaux et de grands gestes vengeurs. Il répondait toujours quelque chose de différent, agrémentant ses mensonges de détails auxquels une enfant ne savait résister : une année, il était un agent secret, un monsieur très important qui luttait contre le mal. C'est la raison pour laquelle personne ne pouvait pénétrer dans leur domicile ou pourquoi il la réveillait en pleine nuit pour des jeux lugubres sans réaliser le trouble qu'il causait. Une Faye terrorisée par le noir et le croquemitaine qui l'attendait devait veiller des heures dehors, en pleine nuit, dans l'attente d'un messager ami qui ne venait jamais, traverser la ville porter des messages secrets (plein d'injures, elle l'apprendra bien plus tard) à des adresses données ou se détruire le dos sous des poids bien trop lourds pour être prête quand il serait l'heure de la relève. Quand il n'était pas agent secret, il était pilote de chasse et lui faisait croire qu'il téléguidait les avions qui survolaient le Queens, ou médecin en retraite et quand il l'examinait, il ne manquait jamais de pincer sa peau trop pâle ou de cogner ses os saillants. Mais c'est dans ces rares moments, aussi, que Faye avait l'impression d'être proche de son papa, de le toucher du bout du doigt. Dans ses mensonges éhontés, dans le feu de sa maladie. Sans doute une mythomanie aigüe, un début de schizophrénie, un soupçon de paranoïa. Faye ne l'a jamais su. Ce qu'elle raconte au fil des pages en revanche, c'est le manque. Le manque d'un père, d'une figure paternelle à qui se raccrocher, à rendre fier et à aimer. C'est son acharnement jusqu'au boutiste à essayer. Essayer de l'aimer en dépit de tout et en dépit de lui, essayer de tout lui pardonner, de panser ses blessures, de nettoyer le sang et de murmurer "ça va", "ce n'est rien", dans les rares instants de lucidité où il semblait se réveiller et prendre conscience du monstre qu'il était. Faye a souffert, beaucoup. Mais contrairement à ce que certains pensent en silence, elle n'a pas souffert de la violence, de la rage animale qui déformait ses traits trop souvent. Papa n'aimait rien et un rien suffisait à le pétrifier de colère. Une colère sourde, un grand trou noir qui avale tout et auquel il s'abandonnait entièrement comme une divinité ayant oublié le sens du mot miséricorde. Il n'aimait pas ses rares mauvaises notes mais ne la félicitait jamais des bonnes. Il détestait qu'elle ne rentre pas immédiatement après l'école ou grandisse. Il ne supportait pas la danse et la féminité, les invitations aux goûters et la maladresse. Il n'aimait rien, même qu'on lui cède tout puisque la docilité était un rempart contre la punition et la violence qu'il affectionnait tant. Tout ça, Faye l'a subi. Elle en a versé, des larmes, elle en a offert, des câlins à un petit frère trop jeune et qui ne comprenait pas, elle en a pris des coups, pour lui, pour le préserver, le protéger et finalement, les cicatrices, les bleus et le sang, on s'y habitue. Ce pour quoi personne n'est réellement paré c'est l'autre violence. Celle qui n'a ni forme, ni nom, le constant déni, les tortures psychologiques. On ne se remet jamais tout à fait du manque d'amour, de considération. Faye ignore ce que ça fait, de ne pas douter, de ne pas se remettre sans cesse en question, de s'aimer. Contrairement aux autres enfants qu'on encourage sans cesse pour les voir se construire, elle a du faire ce travail seule et l'ensemble n'est pas solide, prêt à s'écrouler à la moindre brise. Son papa ne l'a pas aidée, ni en tant qu'enfant, et encore moins en tant que femme. Il détestait les femmes, viscéralement, elles qui n'étaient que des putes ou des salopes. Il crachait ces mots comme autant d'insultes dégoûtées et ne manquait jamais de jeter les tenues jugées indécentes, c'est à dire tout ce qui se montrait trop près du corps ou au-dessus du genou. Toute fille était de base parfaitement inutile, inférieure aux hommes en tous points et pétrie de défauts. Mais passé la puberté, invariablement, toute femme était une traînée, point. Longtemps grignotée par la folie toxique de son père, Faye a été effrayée à l'idée de grandir et de devenir une femme, ce mot injurieux qui lui faisait peur, comme si un grand changement allait s'opérer en elle et qu'elle allait subitement devenir une chose affreuse, terrible...  Il lui a fallu du temps pour apprécier ses (rares) courbes et comprendre qu'elle pouvait plaire, elle aussi. Il lui a fallu les regards appuyés qui la rendaient mal à l'aise, des mains désireuses et des baisers fiévreux d'hommes qu'elle a profondément aimés. Mais c'est Rhys, son petit ami actuel, qui a su réparer ses fondations et lui offrir un semblant de stabilité émotionnelle. Jusqu'au cauchemar.
(02). 15 juillet 2000. Maman a encore pleuré aujourd'hui, ça fait trois fois et ce n'est que mardi. J'ai du mal à la comprendre, à savoir ce qu'elle pense ou ressent... L'incompréhension est le sentiment qui a longtemps guidé Faye lorsqu'il s'agit de sa maman, invisible, presque transparente. Elle n'a jamais vraiment été présente et dans les souvenirs de sa fille, jamais elle ne s'impose. Les rares images qu'elle conserve d'elle, c'est sa silhouette recroquevillée au-dessus de l'évier, à éplucher des légumes, jour après jour. Quand la voix grave et enrayée retentissait, elle disparaissait, elle s'enfonçait en elle-même et baissait la tête, refusant de croiser le grand regard suppliant de Faye. Souvent, ses lèvres closes chantonnaient une berceuse, une chanson douce, une mélodie censée apaiser, mais qui ? Car cela ne fonctionnait ni sur le géant de rage qui beuglait et frappait et encore moins sur la petite rouée de coups qui ne comprenait pas pourquoi sa maman ne la protégeait pas. Parfois, dans un rare acte de courage, elle osait un "laisse la petite" mais la plupart du temps se contentait d'un "pas le visage", lâcheté personnifiée. Au fond, Faye ne connaît pas sa mère. Pas du tout. Elle ne sait d'elle que son visage émacié et les rides d'expression de son front, sa voix fuyante et sa façon de se déplacer en frôlant les murs, sans faire de bruit. Elle ne connaît pas sa couleur préférée, ni ses rêves ou ses envies. Et le pire ? Elle croit qu'elle s'en moque. Si son père a marqué sa vie, bien que négativement, sa mère a à peine laissé une goutte d'eau sur sa toile de peinture ravagée. Faye n'en parle jamais, n'y pense rarement, comme si elle n'avait jamais existé. Sa fuite en avant après ce qu'elle osait appeler "l'incident" a sans doute achevé de ternir son portrait.
(03). Malgré tout, Faye ne conserve seulement des souvenirs âpres de son passé. Elle ignore si c'est un voile de protection bienvenu offert par son cerveau ou juste une réalité qu'elle a appris à déformer, mais elle se rappelle plus facilement des bons moments. Des rares, mais bons moments. Elle enjolive ceux de son papa dans une vaine tentative de redorer son blason rouillé mais chérit principalement ceux vécus avec son frère, Liam. Plus grand et costaud que le reste de la famille, doté d'un large sourire espiègle reconnaissable entre mille avec sa dent vrillée et de grands yeux d'un vert vif, impossible de ne pas l'aimer, irrémédiablement. Faye tomba amoureuse à l'instant où elle grimpa sur un tabouret pour observer, curieuse, le bébé qui gazouillait. Étrangement, Liam ne fut jamais la cible du père. Souvent, elle le protégeait, le couvrait, s'accusait à sa place elle qui n'était pas du genre bougeon, à casser les vases et à dessiner sur les murs décrépis d'ennui. Mais même sans ça, papa l'ignorait. Constamment. Comme sa mère, Liam n'existait pas à ses yeux et Faye, trop jeune pour comprendre, ne réalisait pas ce que cette ignorance signifiait. Elle croit le savoir avec le recul : Liam n'est sans doute pas son enfant. Il avait cette chance infinie mais elle doute qu'il le sut. Qu'importe, il était et restera à jamais son frère. Le seul à savoir lui décrocher de grands éclats de rire qui tonnaient comme l'orage et à la faire se sentir mieux rien qu'en l'appelant de ses "Hey Faye !!!" rauques, bruyants, désespérément brusques. Là où Faye était toutes en nuances, teintée de beiges et de silences, de sanglots silencieux et de rêves chimériques, Liam était une tornade, un arc-en-ciel, le gosse qui faisait fondre n'importe qui et n'écoutait... personne. Toutes les interdictions qu'on infligeaient à Faye lui passaient au-dessus de la tête et il disparaissait puis surgissait quand bon lui semblait. Malgré ses airs fripons, Liam était un brave gosse, profondément gentil et aimant. Il était simplement plus fort ou plus indifférent, incapable de laisser les ténèbres de l'appartement l'envahir pour le rendre, lui aussi, terne et silencieux, triste et conciliant. Liam n'a jamais été conciliant. Son mot préféré ? Non. Il répétait non constamment, pour tout, pour rien, et ne disait oui que lorsque la question posée incitait à un non. Jamais d'accord plus par pitrerie que réel principe, il était de ces gosses infernaux dont on ne sait que faire, puis de ces adolescents qui échappent à tout contrôle. Sauf au sien. Faye savait toujours où était son frère et lui demandait si peu qu'aucune de ses requêtes ne se voyait mises par un KO par ses "non" irrévocables de sa voix de ténor fier de ses bêtises. A la fois mère et soeur, parfois même davantage, presque jumelle, le lien qui l'unit à son frère était au-dessus du ciel et des étoiles, de la galaxie et de l'univers entier. Il suffisait de sa présence, d'un regard, d'un mot pour alléger le poids sur ses épaules ou les hématomes clairsemés sur sa peau. Même après. Car après cette nuit qui a fait basculer toute leur vie, rien n'a changé. Le sang vicié du parricide aurait pu souiller leur lien, le ronger jusqu'à l'étioler mais au contraire... le pourpre à jamais sur leurs doigts et ce sentiment d'injustice après le procès de Liam a fini de les souder. Chaque semaine, Faye se rend en prison malgré la (longue) distance et chaque semaine elle sème des éclats d'elle, des petits riens. Des livres et des annotations dissimulées entre les pages, de longues lettres touchantes et des polaroids souriants, des breloques sans valeur chargées de souvenirs... Ni Faye, ni Liam n'ont manqué ce rendez-vous et jamais le jugement ou les regrets n'ont entaché ce lien. Leur lien. Même du bout du monde, elle l'appelait, lui écrivait, le chérissait. Bien qu'il ne soit plus là physiquement, le fil n'est pas rompu et même à Southport, Liam est partout. Dans les photos sur les murs pastels de sa chambre, sur les bibelots qui trônent sur ses étagères, dans ses t-shirts, immenses, qu'elle porte pour dormir ou respire parfois à pleins poumons dans l'espoir qu'ils aient conservé son odeur. Dans ses mots, enfin, toujours élogieux et tendres à son égard. Il n'est pas le monstre, le criminel qu'imaginent les autres et Faye le défend bec et ongles tout en préparant son retour avec une agitation sans pareille. Car Liam lui revient, tout prochainement, libéré pour bonne conduite après plus de neuf ans derrière les barreaux. Ce qu'elle ignore encore c'est la raison de la clémence du juge : son frère qu'on lui rend enfin, ce n'est que pour mieux le reprendre, dans une injustice dont la vie a le secret. Il est malade et elle n'en sait rien.
(04).  Libérée de la tyrannie du père et bénéficiaire d'un minuscule pécule (la vente de leur mansarde délabrée), Faye a mis de longues années à goûter à sa liberté. Elle avança sur le fil de la vie avec la prudence méticuleuse d'une octogénaire ou d'une marionnette dont on venait de couper les fils : paumée, groggy. Brimée par la pensée de son frère enfermé pour l'avoir aidée, elle, elle a longtemps évolué au sein d'une bulle de solitude, perdue dans une ville trop grande pour elle. Oiseau de nuit, proie craintive, Faye a longtemps frôlé les murs, effleuré la vivacité new yorkaise s'en oser s'y mêler. Mais elle a pris son destin en main, avec une obstination peu commune, redoublée par les encouragements de son frère. Elle aimait l'art et la photographie, elle aimait écrire et raconter, elle voulait protéger, sauver, embrasser le monde et le suturer alors elle deviendrait reporter de guerre. C'est une vocation étrange pour une fille fragile comme elle, abusée et maintes fois rafistolée mais ce fut la sienne. Et loin des scandales d'une vie étudiante tapageuse, Faye s'est offert le moyen de ses ambitions en s'offrant haut la main un diplôme de sciences politiques / droit international à dominance journalistique. Il ne lui manquait plus que le déclic pour tout quitter pour le terrain et la grande inconnue : le rejet de sa demande de libération pour Liam, il y a de ça quelques années.
(05.) Entre un diplôme prestigieux et des photos sensibles, émotives, Faye n'eut pas grand mal à se faire embaucher par une célèbre agence de presse, tout en écrivant également des articles de fond, d'analyse, de prise de position, pour un grand journal américaine. Plongée dans l'enfer du conflit syrien pendant trois ans, son idéalisme ébranlé s'est suturé derrière une ambition affirmée. Ne pas se cantonner à un rôle de témoin passif, à cette presse charognarde qu'elle déteste mais aider. Tendre une main, offrir une voix, une présence, de l'amour, rendre un brin de dignité à ceux qui en sont privés. Sa spécialité ? La lie de ce monde. Elle couvre ce que personne d'autre n'a envie de couvrir, elle dévoile ce que le monde souhaite oublier, elle offre un visage et une voix à ceux qui en manquent. Son truc, ce sont les conflits, les guerres, les catastrophes, tout ce qui fait mal, qui sent le sang et la détresse. Tout ce qu'on tait aussi, parfois. Sa première affectation (très courte, une sorte de test) l'a fortement ébranlée : Faye a été témoin d'un massacre dans la corne de l'Afrique qu'aucun média n'a jamais relayé, aucun. Elle a pourtant rédigé une dépêche qui n'a intéressé personne dans une région aussi reculée, avec comme victimes les membres d'une tribu quasi-inconnue. Faye a vu des mômes squelettiques se faire charcuter à la machette et l'Occident s'est contenté de fermer les yeux. Il ne lui en a pas fallu plus pour trouver sa vocation et en être certaine. Ce n'est pas rose, ce n'est pas joyeux, ce n'est pas gai. Mais c'est la vie et se voiler la face, c'est trop facile. Dévouée à son métier, Faye ne supporte pas l'étroitesse d'esprit et la mesquinerie d'une bourgeoisie enlisée dans son petit confort à qui elle a envie d'hurler, à qui elle rêve d'expliquer crûment ce que la guerre signifie, comment elle tranche, charcute, explose, éviscère, éventre, égorge, tue, assassine, estropie, handicape, détruit tout des chairs et des âmes. La crise des migrants la tue, le terrorisme la flingue, elle vomit la guerre en Syrie et toutes ces vies volées, le Moyen-Orient sacrifié et ces pays pauvres, en détresse, à l'autre bout du globe que personne n'évoque jamais. Être reporter, ce n'est pas facile. C'est dur pour les nerfs, c'est dur pour le coeur, pour l'âme mais aussi pour les autres, qui voient Faye doucement s'éloigner d'eux, irrémédiablement, dans les abysses ténébreuses qu'il est préférable de ne jamais rejoindre. Personne ne peut réaliser l'étendue des horreurs quotidiennes dont elle a été est témoin, et combien cela marque de façon indélébile. Mais là-bas, elle l'a trouvé, lui. Son phare, son amour, son âme soeur, son tout. Rhys. Un homme de bonne famille perdu dans les quartiers rebelles bombardés, occupés à soigner, à nourrir, à aider, à aimer, tous ces gosses sacrifiés pour une cause qui leur échappe. Faye est tombée amoureuse comme on tombe d'une chaise. Brutalement. Douloureusement. Rhys était tout ce qu'elle avait toujours cherché, un homme qui partage ses convictions, passionné et obstiné, une version achevée d'elle-même, une extension de son propre être qui se aurait vécu une enfance moins douloureuse. Il est elle, mais en mieux. Il respire cette assurance qui lui fait défaut, cette autorité qui fait déplacer les montagne et supprimer les barrages et les difficultés. Rhys est un magicien qui rend le monde meilleur, qui vous élève par sa seule présence et elle, elle a été touchée par le divin. Ils se sont aimés au milieu des bombes et des morts, aimés envers et contre tous. Aimés dans le sang, les cendres, les pleurs et les rires aussi, parfois, d'une population qui refuse de capituler. Ils se sont aimés d'une façon branlante et pourtant absolue. Ils ont résisté à tout jusqu'à ce que l'horreur les frappe en leur sein.
(06). Tout est flou dans la tête de Faye. Flou et strident, au goût métallique du sang. Il y a eu cet accident au bord d'une route désertée près de Raqqa. Une femme désemparée et des gamins en sang. Ils ont voulu s'arrêter, naturellement. On leur a déconseillé, le chauffeur, l'interprète, tous ont plaidé pour foncer. Cela pouvait être un piège, eux, ils savaient. Mais ils n'ont rien entendu, Faye et Rhys, aveuglés par leurs coeurs lourds d'une guerre atroce et cette volonté inébranlable de venir en aide, de tendre une main amie, de chasser la tragédie derrière un voile d'espoir. La voiture s'est arrêtée et les coups de feu ont retenti, venant d'hommes sortis de nulle part, vêtus de noir, hurlant des insanités que Faye commençait à comprendre. Tout est noir, après. Elle ne se souvient que du bruit des balles qui frôlent et déchirent la tôle comme les corps. Elle revoit dans un flash la tête à moitié arrachée de cet interprète qui fut un ami durant deux ans et sent encore le poids de la culpabilité, acide, enserrer son coeur. Puis c'est le vide le plus complet. Ils émergent dans une salle sombre, sales et courbaturés. Mais ensemble. C'est ce qui compte, c'est ce qui les pousse à résister à tout. Leurs mains liées, leurs mots susurrés d'une gorge sèche. Mais ça ne dure pas. Les bourreaux les séparent et ils ne se retrouvent que de façon fugace, pour ces orchestrations macabres. Les films de propagande montrant les prisonniers occidentaux, les revendications toujours plus nombreuses, les menaces de mort, les coups, les privations. La plupart sont des gosses qui jouent à (se) faire peur, des gamins qui portent des armes et distribuent la mort comme d'autres des sourires. L'enfer a duré quatre mois, mais ça aurait pu être quatre ans tant la notion même de temps perd tout son sens dans ces geôles sordides dévolues aux fanatiques. Au début, Faye a essayé de les raisonner, mais on ne peut raisonner des monstres. Elle a tenté d'expliquer qu'elle était venue ici pour aider, qu'elle n'approuvait pas la politique menée par son pays, qu'elle venait justement montrer le sort d'une population civile piégée entre deux feux mortels, mais rien n'y a fait. Et les Etats-Unis sont restés sourds aux appels de leurs ravisseurs : ils ne négocient pas avec les terroristes. Faye n'a pas eu peur de sa propre mort, de sa fin inéluctable, c'est l'idée même de perdre Rhys qui la tuait à petit feu. Il y a eu cette fois, marquée au fer rouge. Une énième vidéo de mise en scène. Lui à genoux dans sa combinaison orange, elle en spectatrice impuissante devant des fanatiques galvanisés. Ils ont menacé une dernière fois de les tuer. De le tuer, lui l'enfant prodige, le fils de bonne famille. Rhys a été arrosé d'essence et Faye se rappelle avoir hurlé comme un animal blessé, convaincue qu'il allait mourir de la plus atroce des façons. Sous ses yeux. Elle a crié jusqu'à en avoir les cordes vocales éraillées, elle a crié jusqu'à ce que les coups lui fassent perdre connaissance. Elle a crié encore à son réveil, sans savoir si Rhys était mort ou vivant, présumant le pire. Mais c'est là qu'ils ont été conduits à la frontière turque, sans explication. Puis escortés jusqu'en Grèce par des miliciens intimidants pour y rencontrer en toute discrétion l'Ambassadeur américain à Athènes. La famille de Rhys avait payé. Il ne cautionnait pas, cet argent servait à détruire et tuer mais il comprenait. Ils ont été accueillis aux Etats-Unis, pris en charge par un psychiatre de l'armée américaine avant d'abandonner le terrain pour le cocon de Southport. Dans la famille de Rhys, Faye a tenté de se reconstruire. De les reconstruire. Elle y est parvenue, partiellement, en laissant derrière elle tout ce qu'elle fut comme une mue trop douloureuse. Néanmoins, elle l'a perdu, lui, dans la bataille. Cela fait un an qu'ils sont revenus et huit mois que leur relation est au point mort car leurs reconstructions respectives ont pris des chemins divergents. Faye, la fragile Faye, souffre d'une forme assez sévère de stress post-traumatique et pour guérir, pour combattre cette peur qui la dévore, elle s'est séparée de sa vocation qui l'a trahie et s'est dirigée dans un domaine plus confortable. Un domaine qui dit le beau et les bons sentiments : le mariage. Elle ferme les yeux, elle s'oublie là où Rhys, si digne, a la force de se remettre, de continuer son combat. Il est engagé dans une association de victimes du terrorisme et aide les familles de ceux qui n'ont pas eu leur chance tout en travaillant à mi-temps au siège de l'ONU. Si la famille de son petit ami est un soutien constant, indéfectible, Rhys ne peut plus croiser son regard. Faye croit (à tort) qu'il la méprise mais la réalité est plus compliquée. Tous deux se rappellent un traumatisme douloureux qui fait mal et qui les a brisés, eux et leur couple. Elle souffre de son indifférence de façade, elle souffre de son absence de gestes tendres, de baisers, de regards : Rhys ne la touche plus, sauf dans de rares moments précieux, souvent en pleine nuit, où ils se raccrochent l'un à l'autre comme si rien d'autre ne comptait même si au matin, ils réalisent que ce cauchemar qui paraissait si faux dans le creux de l'obscurité est leur réalité. Malgré la déliquescence d'un amour jusqu'à là invincible, la confusion des sentiments demeure car un lien inviolable les lie à jamais : ils ont vécu la même chose. Seul l'autre est en mesure d'écouter, de comprendre sans un mot, seul l'autre peut apaiser car il connaît cette horreur décrite, il ne peut pas être choqué, blessé, pris d'une pitié qui fait plus mal encore que le reste. Malgré le naufrage de leur si bel amour, ils restent un phare pris dans la tempête d'une relation interdépendante en demi-teinte. Quelque part entre une tendresse infinie, des relents de désir et de culpabilité, de regrets et de souffrance, et parfois, un profond dégoût de l'autre jusqu'à la colère, la haine.
(7). Si elle continue à consulter un psychiatre et prend fréquemment des somnifères ou des anti-dépresseurs lorsqu'elle sent une angoisse paranoïaque lui nouer les tripes, Faye va mieux. Presque bien, même, et son salut, elle le doit en partie à son métier, qui lui a offert un nouveau but, un nouvel échappatoire. Avant, ses photos trônaient dans des magasines d'actualité, dans des expositions dédiées aux reportages les plus sincères, elle gagnaient même des prix et permettaient d'éveiller la conscience. Aujourd'hui, c'est très différent. Après avoir capturé l'horreur, elle saisit la beauté et se noyer dans son job est une façon de s'oublier, de se réinventer, loin du Moyen-Orient, là où une partie d'elle essentielle demeure encore. Faye ne l'aurait jamais cru, mais elle aime son nouvel emploi, bien que ça ne soit pas une vocation viscérale, organique. Elle aime à rencontrer des couples fébriles, désireux de faire de leur mariage le jour le plus marquant de leur vie, elle aime à suturer ses propres plaies grâce à l'amour des uns et des autres, à mettre en valeur les amoureux naïfs, à capturer leurs essences mêmes, à les sublimer pour faire rayonner le bonheur qui les nimbe, pour le rendre palpable, là sur sa pellicule. Elle aime l'effervescence, la créativité qu'on lui octroie et ce monde d'ordre et de beauté, loin du chaos. Surtout, Faye apprécie les rencontres qu'elle y a fait, des gens qui ignorent son engagement passé, ses failles et ses plaies à jamais ouvertes. Avec eux, il est plus facile de s'ouvrir (un peu), de s'extraire d'un carcan fait de plomb. Comme avec Jake, entré dans sa vie pour organiser un mariage qui n'aura jamais lieu, et qui ne l'a plus jamais quittée. D'éphémère, il est devenu essentiel, comme le soutien qu'il lui prodigue, les regards qu'il porte sur elle, elle qui en manque tant.
(08). Faye est un être sensible, qui s'est durant toute son enfance épanouie dans diverses formes d'art. Les photos bien sûr, son grand amour. Les mots médicaments couchés sur du papier et la peinture. Des peintures vives et gaies, loin de son âme ternie et grises. Et la danse. Faye a toujours aimé danser. Cette forme d'expression, libre et intense, silencieuse et implicite a longtemps été pour elle une forme d'abandon complet. Comme si Faye n'était plus Faye dès lors que la musique s'enclenchait mais autre chose. Une chimère, une illusion, un feu follet onirique ou une brise éphémère, douce et chaude. Danser à ses yeux, c'est plus fort que vivre, plus fort que sa vie en tout cas, c'est sublimer son existence et son quotidien et s'oublier profondément, totalement au profit des sensations. Quand elle danse, elle ne pense plus, elle ne prétend plus, elle se contente de ressentir, d'éprouver et c'est si rare que ça en devient quelque chose d'enivrant, d'exaltant. Faye a commencé comme tous les enfants, petit rat d'opéra si fière de son tutu et de son chignon sage, heureuse de s'imaginer dans Casse-noisettes, Cendrillon ou le Lac des cygnes avant de réaliser que la rigueur de la danse classique et l'autorité sévère de sa professeur ne lui permettaient pas de s'épanouir tout à fait. Trop rigide, la danse classique ne lui offrait pas l'abandon, le refuge qu'elle recherchait et très vite, Faye a abandonné (définitivement) le tutu et les pointes douloureuses pour la danse contemporaine, véritable moyen d'expression. Si elle aime à danser, elle apprécie aussi de chorégraphier, de se raconter en mouvements amples et gracieux et finalement, de dévoiler une histoire, qu'elle soit sienne ou parfaitement romancée. C'est une véritable thérapie, que beaucoup ignorent. Sauf à l'adolescence où suivre des cours lui a été interdit par son père (ce qui n'a l'a jamais empêchée de s'exercer dans l'intimité toute relative de sa chambre), Faye n'a jamais cessé. Si la danse contemporaine est sa danse de prédilection, elle a suivi de nombreux stages d'été et continue à s'améliorer et à se diversifier. Elle aime notamment beaucoup les danses latines, surtout le jive.
(09). Faye déteste viscéralement la solitude et l'obscurité. Dans le silence, il y a quelque chose d'intrinsèquement angoissant sur lequel elle est incapable de mettre un mot. Peut-être est-ce seulement des souvenirs, le silence qui précédait toujours la tempête paternelle ou qui la suivait, après les cris et les coups. Peut-être le silence de l'incertitude, ces longues secondes où elle a cru Rhys perdu pour toujours, brûlé vif par des hommes lobotomisés convaincus de mener une guerre perdue d'avance mais Faye a besoin d'être entourée. Très indépendante dans ses choix de vie, elle l'est beaucoup moins avec ceux qui la peuplent, qu'elle colonise sans le réaliser. Elle a besoin d'eux, de leurs mots, de leurs regards, de leur amour. Elle a besoin de compter, de se sentir vivante même si ce n'est que par procuration, à travers eux. Elle aime le bruit constant de vie qui rebondit sur les murs pour venir les frapper, les éclats de rire et les engueulades, la musique trop forte et les bruits dissonants de la cuisine ou d'un aspirateur. Peu lui importe tant que cela mure le silence dans l'oubli. De la même façon, elle est le genre à allumer toutes les lumières, au maximum, à éclairer les pièces de la maison plus que de raison, à ajouter de jolies lampes et des bougies parfumées partout et à ne jamais fermer ses volets entièrement, pour laisser filtrer la lune et les étoiles mais surtout la douce chaleur de l'aube. Faye a besoin de bruit, de lumière et de monde comme d'autres nécessitent de l'oxygène.
(10). Conciliante, souriante et toujours disponible, ses amis sont légion même si tous (officiellement du moins) ignorent tout ou une large partie son histoire. Il est difficile de deviner ce par quoi est passé Faye quand on la côtoie au quotidien, aussi lumineuse en surface qu'elle est inaccessible en substance. Avec sa tendresse ineffable, sa silhouette fragile tout en creux délicats et ses grands yeux velours qui semblaient pouvoir ensorceler en un battement de paupière, il est impossible d'apercevoir autre chose qu'une fille à la grâce inconsciente, profondément gentille et dénuée de la moindre complication. Peut-être même de complexité, aux dires de certains. Faye est de ces femmes qu'on imagine connaître par coeur en un regard parce qu'elle ne cache rien. Elle a l'air sincère, désarmée et désarmante et ce que l'on prend aisément pour une faiblesse est en réalité sa plus grande force. Faye se dit beaucoup, facilement, mais en réalité elle ne se raconte jamais. Elle se cache dans tous les mots qu'elle laisse deviner, elle vous laisse à la porte derrière sa forteresse alors même que vous pensez être au coeur de son âme éthérée. Rien de ce qu'elle est, rien de ce qu'elle offre n'est faux mais ce n'est pas vrai pour autant, seulement l'un des centaines de reflets ambrés qui la composent. Les plus polis. Les autres n'appartiennent rien qu'à elle et Faye ne se livre pas. Par peur de faire fuir, bien entendu, mais surtout par volonté de se reconstruire, d'oublier bien que ça soit impossible. Alors parfois, souvent, elle entre dans vos danses, se fait qui elle n'est pas pour plaire davantage ou taire les doutes insidieux qui rongeront sa divine comédie. ★ Influençable, Faye est prête à beaucoup pour recevoir l'attention de laquelle elle se nourrit. Elle est différente avec chacun et à la fois toujours elle-même. On la dit gentille, généreuse, parfois trop conciliante. Faye élève rarement la voix, elle sourit de ce qui devrait être un sujet de conflit et recule dès que les tensions grimpent pour mieux étouffer les flammes (sauf avec Rhys). Médiateur constant, pour elle comme pour les autres, Faye est la nana qui vous prêtera de l'argent, viendra vous chercher à quatre heures du matin et ne découvrira jamais que vous la trompez. Elle a cette tendance maladive, obsessionnelle, à s'effacer au profit des autres, à faire de leurs envies les siennes et à satisfaire tout le monde, tout le temps. On pourrait la croire hypocrite et pourtant jamais cet adjectif n'a été utilisé pour la qualifier tant elle met du coeur à l'ouvrage et semble sincèrement ravie (et elle l'est, sans aucun doute) de se plier en quatre, en douze, en mille pour les autres. Tous les autres. ★ Faye est un désastre sentimental et ne réalise même pas qu'elle s'enferme dans un schéma sans cesse répété : elle s'entiche de salauds, de losers, de profiteurs, de toutes sortes de sales types qui ont en commun une personnalité enflammée et un caractère dominant. Parce qu'elle ne sait pas rester seule, parce qu'elle a besoin d'une présence constante même si celle-ci n'est pas nécessairement l'homme dont elle peut rêver, Faye se laisse embobiner avec une facilité déconcertante. Flairant le bon filon, la fille en mal d'amour qui en fait trop, rares sont les hommes à se contenter d'un tour entre ses reins. La plupart s'installent dans sa vie avec fracas et s'empiffrent sans états d'âmes aucuns de tout ce qu'elle offre. Parce que Faye, c'est celle qui ne dit jamais non, à rien. Elle émet parfois des réserves timides trop facilement balayées par les belles paroles et finit toujours par céder par tout donner trop vite, par se donner trop vite. Les exemples sont légion du plan à trois avec la meilleure amie (ils sont aujourd'hui en couple, cette nuit ayant apparemment réveillé des sentiments endormis) au prêt de 5 000 dollars qu'elle ne reverra jamais. Et pourtant, Faye n'apprend jamais de ses erreurs, se jette le palpitant au bord des lèvres dans une histoire vouée à l'échec et recommence, indéfiniment. Car ses relations ne fonctionnent jamais, bien entendu. Souvent, ils se lassent comme un chat cruel cesserait de torturer une souris docile et la quittent sans douceur. Parfois, ils s'évanouissent lentement mais sûrement jusqu'à ne plus jamais donner de nouvelles. Quelques rares fois, ils ont l'honnêteté de rompre à l'aide d'une raison acceptable. En revanche, jamais Faye n'a quitté qui que ce soit et si elle ne les a pas tous aimés avec la même fougue, elle n'aurait jamais mis un terme à une histoire, même à la plus fade ou malheureuse. Car Faye s'accommode de tout et se convainc qu'en chacun il y a du bon, qu'il suffit de creuser, de persévérer, d'agir avec bonté et bienveillance sans promesse de succès, juste au cas où. Elle excuse tout, pardonne tout et se remet de tout avec une naïveté et une innocente aussi rafraîchissantes qu'elle sont insupportablement agaçantes. Jusqu'au prochain. Parce que l'amour la rassure, efface ses craintes et lui tient la main. C'est Rhys qui a balayé ce mécanisme branlant d'un revers de la main, Rhys qui lui a montré l'étendue du spectre des sentiments, ce à quoi devait ressembler une relation, une vraie et non pas une abusive. C'est lui qui a soigné ses bleus au coeur ... jusqu'à aujourd'hui. Car aujourd'hui, tout se délite et les fondations de Faye, encore fragiles, sont à deux doigts de s'écrouler comme un château de cartes.

tale as old as time
C'est le bruit qui la réveilla. Un bruit infernal, douloureux, comme si l'orage grondait et que le tonnerre venait de frapper quelque part à l'intérieur. Ce vacarme indistinct se chargea de l'extraire des bras confortables de Morphée mais c'est la suite qui la fit se lever, tremblante et en panique, encore ensommeillée. Un cri. Guttural et profond, terrifiant, comme sorti des tréfonds de son âme. Sa mère hurlait comme un animal blessé et Faye bondit hors du lit, confuse et vacillante, dans un rêve. Ou plutôt un cauchemar car ce qu'elle découvrit dans l'embrasure fit couler son coeur au fond de son ventre et elle croit bien qu'une partie y sommeille toujours, noyée dans du pétrole, ensuquée par la poudre et le sang. « Papa ?! » Ce fut un tout petit cri, un son rauque et inaudible puisqu'au moment où il expira, elle se rendit compte que c'était un choc, une surprise, mais qu'elle ne ressentait nulle tristesse. Faye était confuse, si confuse en réalité qu'elle voyait trouble et avançait péniblement de ses entrechats de danseuse, ralentie par les tâches sombres qui dansaient devant ses yeux. Elle n'avait même pas aperçu Liam dans l'embrasure de la porte et se montrait bien incapable de relier entre eux les éléments, l'odeur de la poudre, le bruit de la balle qui claque et l'état de son père. Son cerveau assommé d'informations concordantes mais irréelles refusait d'assimiler les faits et c'est ainsi qu'elle s'agenouilla sur le côté du lit, près d'un corps encore chaud mais sans vie. Papa était mort en silence, lui le baryton du cri qui hurlait, frappait et s'échinait en gestes mécaniques comme un ogre désarticulé. Faye ne le réalisa pas. Les yeux brouillés de larmes, elle ouvrit comme elle le put son éternel pyjama en flanelle pour prodiguer un massage cardiaque. Elle ignorait comment faire, savait seulement qu'il fallait tenter le tout pour tout alors elle se releva et appuya de toutes ses forces tremblantes sur la cage thoracique haïe. Une fois, deux fois, trois fois, dix fois. Elle ne se souvient plus vraiment Faye. Mais elle s'acharnait à réveiller un cadavre dont la cervelle crépissait les murs sans réfléchir, sans pouvoir s'arrêter, même lorsqu'elle perçut le craquement sinistre d'une côte. Le souffle court, la bile au bord des lèvres, elle persista longuement jusqu'à ce que deux mains ne s'abattent sur ses épaules. « Arrête Faye, ça sert à rien. » Elle reconnut la voix tonitruante de son frère, plus éteinte qu'à l'accoutumée mais poursuivit, la chassant de ses oreilles. « ARRÊTE!!! » Docile et effrayée par la dureté de sa voix, Faye stoppa instantanément et pivota pour faire face à son frère, sans comprendre. Elle mit de longues secondes à connecter avec la terrible réalité. Son frère, tout d'abord. La mine sombre et l'haleine chargée du whisky tord-boyaux que leur père s'enfilait continuellement en le cachant avec les produits ménagers et pire que tout l'objet métallique reflété par la lune que tenait sa main. Un flingue. Une antiquité paternelle ayant appartenu supposément à elle ne savait quel espion héros qu'il adulait, une affabulation de plus. Incapable de soutenir son regard vitreux, trop placide, Faye émit un geste de recul, un seul. Elle recula d'un pas, plus abattue et désespérée qu'elle ne l'avait jamais été et prit sur elle pour terminer l'examen de la pièce, dorénavant rattrapée par la réalité. Elle réalisa que sa mère ne criait plus et que ce bruit atroce, presque rassurant, avait été remplacé par un bourdonnement sourd dans ses oreilles, une nuisance stridente et continue qui précédait toujours les rares malaises auxquelles elle était sujette, lorsque c'était trop. Faye était fragile et parfois, son cerveau se déconnectait brusquement de son corps et elle s'écroulait sans raison médicale ou scientifique. Comme morte pour une poignée de secondes ou de minutes. Lorsqu'elle se réveillait, elle passait une journée atroce, le crâne enserré dans un étau et le corps plus courbaturé que si elle avait été rouée de coups des heures durant. Elle déglutit, péniblement, et essaya de s'ancrer dans la réalité, aussi atroce soit-elle, ignorant les signes précurseurs. Son regard perdu accrocha pour un instant la silhouette de sa mère, recroquevillée. Elle se balançait d'avant en arrière, les genoux relevés contre son menton dans une posture d'enfant mais le pire, l'insoutenable, c'était son visage. Un visage constellé de petits éclats de lui, de crâne et de cervelle, de sang et de rouille. Ses traits déformés par le choc, la peur et le dégoût se mirent à émettre des sons primitifs qui auraient dû l'émouvoir. Mais Faye n'était qu'à moitié-là, elle se cachait quelque part en elle-même, loin dans les tréfonds de son âme pour se préserver de cette scène qui, elle le savait, la hanterait pour le restant de ses jours. Elle restait là, hagarde, son coeur cognant à tout rompre dans sa poitrine, tant qu'elle crut qu'elle allait défaillir. Mais à la place, ce fut un seau d'eau glacée en pleine figure, un uppercut mental qui finit de la réveiller tout à fait. « Je l'ai fait pour toi. » Sa voix absente s'éleva dans l'atmosphère chargée et vint s'abattre sur elle avec violence, plus fort encore que les coups. Faye écarquilla ses grands yeux félins dans lesquels on aurait pu se noyer et le fixa sans comprendre. Il n'aurait rien pu dire de pire pour lui arracher le coeur et les entrailles, encore chaudes. Elle se laissa choir au bord du lit, plus abattue encore qu'une poupée de chiffon. Et c'est là qu'elle se mit à pleurer, à chaudes larmes mais sans un bruit. Les sanglots coulaient sur ses joues rondes comme dans le lit d'une rivière et ses larmes, aussi grosses que des perles, avaient le toucher létal de l'acide, brûlant, l'odeur de la poudre et le goût acre du sang. Elle était responsable. C'était sa faute, à elle qui n'avait pourtant rien demandé. C'était sa faute et elle sut qu'elle s'en voudrait toute sa vie, portant le poids harassant d'une culpabilité qui ne lui appartenait pas. Mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le soulager, lui. Porter le blâme, une part de ce meurtre, faire front. Les yeux dans le vague, Faye trouva enfin le courage de s'exprimer, de réfléchir. Il fallait agir, vite. « Je vais appeler la police. » déclara-t-elle d'une voix trop douce pour son propre bien, partiellement éteinte. Elle se releva avec une lenteur précieuse et souleva son t-shirt, dévoilant l'ecchymose aux allures de constellation qui s'épanouissait le long de ses côtes. Faye portait des cicatrices dispersées un peu partout jusqu'à son crâne, des bleus et des restes de fractures ou des fêlures qu'en savait-elle, jamais soignées. Elle s'en tirerait. « On-on dira que c'est moi... ils comprendront, non ? » espéra-t-elle de sa voix blanche, un timbre de môme, de souris. « Donne-le moi. » Faye essaya d'arracher l'arme de la main de son frère, sans succès. Il le serrait fermement entre ses doigts aux jointures devenues blanches et la fixait, elle, avec sa tendresse habituelle, calme, si calme pour une situation aussi alarmante. Avait-il prémédité son geste ? La question demeura en suspens car au fond d'elle elle savait que la réponse la ferait définitivement chavirer. Il en fallait déjà peu pour qu'elle soit emportée par les flots... « Tu ne comprends pas. » souffla Liam, trop serein. « Personne n'appellera la police. On s'en va toi et moi. On ira loin d'ici, dans un pays où ils nous retrouverons jamais et on recommencera. On sera heureux, j'te le promets. Il faut juste que tu me fasses confiance... » Mais les plans de Liam ne se réalisèrent jamais. Lorsqu'ils s'aperçurent de l'absence de leur mère, il était déjà trop tard. Dans la salle de bains attenante, elle avait appelé la police. C'est elle qui prit la fuite avant le procès et disparut à jamais. Pas eux. Faye et Liam furent interrogés séparément et Faye mentit. Elle essaya de couvrir son frère, de s'accuser à sa place mais personne ne la crut. Elle était si troublée, si confuse, si fragile, elle ressemblait tant aux victimes et si peu aux bourreaux. Après trois jours de garde à vue, elle finit par craquer et à raconter sa version, la vérité. Une vérité qu'ils possédaient déjà depuis le début car Liam n'avait rien caché, ni omis. Il refusait de comparaître pour meurtre, estimant que c'était de la légitime défense, qu'il avait tué un monstre. Faye, de son côté, fit son possible pour réduire la peine de son frère. Elle avoua tout ce qu'elle n'avait jamais dit auparavant, les sévices constants, la folie du père et ses jeux de torture psychologique. Elle dit tout, mais Liam fut jugé durement avant qu'ils ne puissent tous deux s'envoler et recommencer...

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Graham Cheshire

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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 16:06


Bienvenue sur le forum, bon courage pour ta fiche i'm the fury in your head (faye) 3023861227
( en espérant que mon post ne te gêneras pas i'm the fury in your head (faye) 2051946342 )
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 16:13

Bienvenue et bon courage pour ta fiche! i'm the fury in your head (faye) 720597009
Alicia! i'm the fury in your head (faye) 3402270940
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 16:24

Merci chatons  i'm the fury in your head (faye) 4139370879
Je n'avais pas prévu de prendre deux posts mais vu la longueur ... je crois que je vais être obligée de m'étaler mais c'est pas grave, je le ferai plus loin  i'm the fury in your head (faye) 2079377553  i'm the fury in your head (faye) 2079377553


Dernière édition par Faye Delaney le Sam 25 Mar - 17:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 17:47

Quel plume ! i'm the fury in your head (faye) 4068493492
Bienvenue par ici, très chère i'm the fury in your head (faye) 838752842
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 18:02

Aw, merci i'm the fury in your head (faye) 1644812999 i'm the fury in your head (faye) 1644812999
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 18:25

Je voulais passer sur ta fiche te souhaiter la bienvenue, je m'occupe de ta validation dans la soirée, je fais au plus vite. i'm the fury in your head (faye) 4068493492
Quoi qu'il en soit, t'es parfaite. Avec ce que j'ai pu lire dans la partie invités, je suis sûre que je vais dévorer ta fiche - ta plume. i'm the fury in your head (faye) 2917334891
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 19:27

Merci ma belle i'm the fury in your head (faye) 2079377553
Bon sang, t'es un amour, prends tout ton temps i'm the fury in your head (faye) 4170385006 i'm the fury in your head (faye) 720597009
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 20:50

Je n'ai pas pu m'empêcher de verser une larme, c'est déchirant. i'm the fury in your head (faye) 587998110 i'm the fury in your head (faye) 587998110
Je valide avec plaisir, amuse-toi bien sur le forum. i'm the fury in your head (faye) 4139370879
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MessageSujet: Re: i'm the fury in your head (faye)   i'm the fury in your head (faye) EmptySam 25 Mar - 20:52

Oh non non non, câliiiin, faut pas pleurer i'm the fury in your head (faye) 587998110 i'm the fury in your head (faye) 587998110 i'm the fury in your head (faye) 720597009
Merci beaucoup ma belle i'm the fury in your head (faye) 4068493492
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